Je crois – et je le dis à nouveau – qu’il faut passer par le Ali Baba Times au moins une fois. Le lieu domestique n’a rien à voir avec une poésie domestiquée. Tout y est lancé spontanément. La poésie s’écrit en simultané, avec la lecture qu’on en fait, avec la musique qu’on y joue et avec les gens qui se sont éparpillés dans toutes les pièces, qui écoutent.
C’est Antonin, lu par Anthony ; Artaud, lu par Côte, qui commence, qui revendique le renversement qu’on lui connaît. C’est donner le ton. Anthony Côte se le donnait d’abord à lui-même, pour sa performance qui suivait, mais il le faisait aussi pour tout le reste.
Côte s’est donc lancé dans un pantomime fou, dans un conte surréaliste, porté par le rythme de sa canne qui martelait la table où il se tenait. (La table n’avait plus de pattes. Je le note, pour ne pas créer une image un peu trop convenue de soirée où les gens montent sur les tables pour dire des choses qui sont sans intérêt lorsque dîtes au niveau du sol). Des notes de violoncelle appuyaient là ou la canne ne le faisait plus. C’était, somme toute, une puissance d’élocution qui répondait au mot d’ordre de la soirée.
On chante. Puis Lysandre Bouchard Lepage s’est installé sur la table avec sa guitare électrique.
Des poèmes se sont ensuite écrits au ton de deux guitares, comme l’on assemble un cadavre exquis en murmurant un téléphone arabe. Là encore, des bribes de folie.
Nous attendons, de pied ferme, l’événement du mois prochain.
C.