Vient de paraître « La beauté est incurable » – Alain Fisette

Un autre reste de poésie vient de nous tomber sur les genoux.

Nous, les déchétaristes de la culture, nous employons à virer sans dessus dessous le gros conteneur à poésie du Québec.

Ainsi, entre une feuille de chou nappa défraîchie et deux tranches de jaune orange salé, nous sommes tombés sur la dernière parution du poète Alain Fisette: La beauté est incurable.

L’éditeur nous apprend qu’avec son plus récent recueil, Alain Fisette déploie un « troublant théâtre de la cruauté ».

Bien qu’Artaud nous affirmait qu’il ne fallait voir «dans cette Cruauté ni de sadisme ni de sang, du moins pas de façon exclusive», chez Fisette, celle-ci redevient synonyme de sang versé, de chaire martyre et d’ennemi crucifié. Les corps se défont, se brutalisent et s’enculent comme se brise le sens usuel du langage chez l’auteur de L’ombilic des limbes et l’on revient aux origines étymologiques de l’amour: amor, mais aussi Eros qui n’est qu’une chose… amour de la beauté.

Extraits :

*

Créer une nouvelle cicatrice parfaite: jeune, élégante, presque volatile

Découper au laser l’égratignure au dos de ton âme, en tenant compte de la richesse de ta peau et de la faible effervescence de ton sang.

L’apposer où le pouls se manifeste le moins, où les muscles tordent les souvenirs, où les vents intérieurs prennent leur élan, près de l’endroit où la toison devient duvet.

Signer l’œuvre avec un stylo à pointe fine ou y graver mon logo en y enfonçant l’ongle de mon pouce droit.

La beauté est incurable, p. 109.

*

Un ami d’un ami m’a affirmé t’avoir vue à Matane. Tu travaillais dans une usine de transformation de crevettes malgré ton intolérance aux fruits de mer. Il semble que tu voulais te refaire une santé intérieure en renforçant les tissus de tes anticorps et en vivifiant ton système immunitaire.

La beauté est incurable, p. 128.

*

Fisette, Alain, La beauté est incurable, Éditions les Herbes rouges, Montréal, 2012.

Pour ceux qui sont en France, le poète lira des extraits de La Beauté est incurable, le 23 mars à 19 h 00 à la Librairie À plus d’un titre: 4, quai de la Pêcherie, 69002 Lyon. Métro Hôtel de Ville.

Publications: Génériques (1975) aux Éditions Cul Q et Peau métallique (1976). En 1980, Déserteurs de mémoire, un recueil inséré à la revue de poésie Hobo-Québec. Des années plus tard, en 1996, paraît aux Éditions Les Herbes rouges, Plus personne n’a l’intention de dormir, premier recueil d’une trilogie.  La vie est pratique pour ranger des souvenirs (1999) et Je suis un fumier!  (2001) complètent le cycle. Plus récemment, il fait publier Le condom de l’amitié en 2004, Tous mes lecteurs sont morts en 2006 et Lee & Sophia en 2009.

lensemble

Laisser un commentaire

Entrer les renseignements ci-dessous ou cliquer sur une icône pour ouvrir une session :

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s