La rubrique Des nouvelles de Ma mère était hipster retrace, chaque mercredi, nos articles coups de coeur de ce site culturel montréalais qu’on aime d’amour.
Vous retrouvez l’article original ici, sur mamereetaithipster.com
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Éditions Pow Pow, 2011
Phobie des moments seuls, c’est le journal intime de Marcus Pigeon, médecin, sur son quotidien à bord d’un vaisseau spatial. Entouré d’énergumènes, il nous raconte dans le menu détail tout ce qui se passe dans ce lieu confiné où tout le monde est un peu cinglé. Il y a lui d’abord, incroyable naïf qui se fait tromper allègrement par sa copine – une situation sans équivoque – mais qui ne remarque rien d’anormal, trop confiant… ou imbécile, c’est selon. Il y a aussi ce collègue de voyage qui a une tronche effroyable et que Pigeon s’amuse à retourner sans cesse en quarantaine pour ne pas l’avoir dans les jambes, parce que son visage pourrait causer des “épidémies de vomi”.
http://momentsseuls.blogspot.ca/
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Rajoutons celui qui devient rapidement son meilleur ami, Timothé l’ours, avec qui il passe tout son temps et se confie. Et enfin, difficile de passer à côté du commandant, cet homme bien particulier qui a une véritable obsession avec les “homosexus”, mais qui jamais ô grand jamais n’en serait un lui-même. Ce qui ne l’empêche pourtant pas de tâter le “paquet” de ses collègues, de les appeler “les Duchesses” ou encore, d’avoir des comportements, douteux, seul dans sa cabine.
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On suit donc Marcus Pigeon qui nous fait part de ses réflexions et observations plus ou moins brillantes (moins que plus) sur la vie dans l’espace, l’ambiance dans la navette, ce qu’on y mange, les activités qu’on y fait. Parce qu’il faut s’occuper, car dans l’espace “on a rien à crisser” selon lui. On remarque vite que le langage est assez vulgaire, avec des sacres fréquents et des insultes ou allusions tendancieuses, étant donné, entre autres, la nature ambiguë du capitaine.
Marcus Pigeon a une naïveté qui frôle parfois la stupidité. Son journal intime traduit les préoccupations d’un homme peu mature et fasciné par les petits détails insignifiants. On a l’impression d’être face à un adolescent plutot qu’a un adulte et, parfois, on se désespère un peu des constats plutôt “pipi, caca” et des remarques niaises qu’il échappe… plutôt fréquemment.
Alors que le titre m’avait laissée sur l’impression qu’il pouvait s’agir d’un album mélancolique avec des réflexions sérieuses sur la solitude humaine, j’ai été surprise de constater qu’il n’en était rien. Le ton est réellement absurde et cabotin, ce n’est pas du tout sérieux là-dedans. Le moindre élément est propice aux allusions sexuelles ou aux blagues très “premier niveau”. On rigole oui, mais par contre il arrive que ce soit un peu mince.
Il demeure que, dans l’ensemble, c’est assez plaisant et certains passages m’ont franchement fait rigoler. Côté dessin, j’aime vraiment le style de Samuel Cantin qui me rappelle légèrement David Shrigley, en plus léché et moins caustique. La ligne est reine et maîtresse dans tout l’album – noir et blanc- qui présente des personnages et des lieux faits de tracés nets, de hachures et de quelques gribouillis. La calligraphie est aussi très agréable. Les scènes se présentent fréquemment comme de petits tableaux où, même si le dessin est vivant, l’ensemble demeure assez statique, un peu à la manière de clichés photographiques.
Une bande dessinée qui, malgré mes petits bémols, demeure quand même fort sympa. Bien contente d’avoir découvert cet auteur que je me promets de suivre.