J’avais jamais joué à ‘balle avant c’t’été. D’ailleurs, tout le monde icitte vient de la même ligue. Bin, ligue… mettons, pour simplifier. Une ligue de « normalement pas joueux de balle », à quelques exceptions près. Mais j’ai joué au baseball par contre. Plusieurs années, c’était mon sport d’été quand j’étais jeune. Y’en a qui remettent ça en question, que c’est un sport. Je peux comprendre, c’est chilleur le baseball, mais quand tu y joues réellement, c’est pas aussi simple. C’est chilleur physiquement, mais il faut que tu te maintiennes dans une sorte d’état d’esprit baseball – quelque part entre être tellement à l’affût que ça gosse pis d’avoir moyennement compris ce que tu viens de faire. C’est pour ça qu’on se crinque avec des calls comme « enweye, juge-la ta balle ». C’est pas pour indiquer à ton coéquipier qu’il se déguédine la jugeote. Non non, c’est pour toi que tu cries, pour te garder dedans, pour que tu sois prêt au moment où les choses vont se putain de passer à fond. Évidemment, il faut que tu respectes un certain cadre. T’encourages, t’écoeures pas. C’est un peu ça aussi à la balle-molle. Bin, la balle-molle des ligues de balle-molle. Dans le sens que ta balle peut être molle, mais genre molle sérieuse, genre molle que tu veux retirer l’autre.
Jouer à ‘balle par contre, ça c’est molle vraie. Je considère que c’est encore un sport, même si ça joue un peu avec les limites du mot. Un sport où tu peux manger un hot-dog, fumer une clope pis boire une bière en même temps. Sur le terrain si ça te tente. On s’entend que généralement c’est plus pour finir ce que t’avais commencé comme un cave après le deuxième retrait mais, techniquement, tu peux le faire. Je vois que je viens de te titillier, pas de trouble le grand, on est là pour ça. D’ailleurs si tu veux quelque chose, tu iras au champ centre à la prochaine, l’autre cybeursexe a dû laisser ses restes. Ça se ramasse pas ce monde-là, qu’est-ce tu veux.
Là où la distinction entre jouer au baseball/balle-molle-sérieuse pis jouer à ‘balle prend toute son rayonnement, c’est qu’à ‘balle, on s’en fout mon ami mais sur un moyen temps. Ah comprend moi bin, ça t’empêche pas d’être le gars crinqué, mais attends toi à être un tantinet malaisant. Au pire si tu veux relaxer tu joueras au champ droit, il doit y avoir encore un peu de beuh qui traîne. Je regarde Ben pis y’a l’air perdu bin raide.
Bref, cette attitude-là (2012), elle atteint son apothéose chez le ‘balleur Martre. Une Martre, ça s’en criss de façon incroyable. Quoique si t’es un pidofile là c’est autre chose, mais c’est parce que tu voles sa bouffe. T’sais, c’est compréhensible.
Une Martre, ça crie de la marde si ça y tente. À un adversaire, idéalement. Ça peut varier d’un « fuck you » magistralement gratuit à des trucs plus sales genres « t’avais pas d’ami au primaire. » Ç’a l’air niaiseux comme insulte, mais imagine que t’es au bâton pis qu’on te crie ça. T’es dérouté. Bin raide. Tu te demandes; coudonc, je le connais-tu lui? Tu penseras à ça voir.
C’est ça qui donne toute son sens à ‘balle. Sans ça, c’est pus la même game. Ça va au-delà du sport, au-delà des petits spots de sueur que finalement tu te rends compte que c’est de la bière pis que tu liches juste pour voir si c’est encore buvable parce qu’au pire tu t’en câlisses du monde qui te regarde. Ça fait du lundi soir une ultime décontraction. L’état Martre, c’est le Fuck Toute salvateur, le à ‘balle pur. C’est ça les Martres; c’est le jeu dans toute sa pureté.
Avoue que vu de même, c’est tellement supérieur! Une Martre, c’est pas compliqué, c’est ça que tu veux sur ta cassette. T’as un t-shirt unique, t’as même des armoiries pis un photoshop style 36 Chambers. Une Martre, mon gars, c’est que du haut de gamme! C’est quoi pour une Martre un pseudo trophée? La « coupe » René-Charles Bukowsky… Euuuh l-o-l, genre lmféo. Tellement cave. C’est même pas un bon jeu de mot en plus. Nous autres on a un tumblr bourré de jokes sales. Leur petit René-Charles doré, il leur en conte-tu des jokes sales? Ah non, woups, hoooooooon.
Une game… comme si c’était représentatif!
M’en câliss.