paraplégie mentale
longtemps pendant des années
au dépanneur du Bonheur
dans sa cage thoracique
fief fertile de nos émotions désenchantées
lieu pernicieux de nos rencontres clandestines
et de nos manigances à outrance où
la débauche salvatrice complice de nos vices
rassurait nos sens égarés nous buvions nos vies
sans merci ivres constamment jusqu’à l’écroulement
normale d’avoir été si souvent sous-estimés
le fond de la vérité au prix du gros
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déesse du goulot reine des bas-fonds
le soleil brille dans tes pupilles dilatées
comme des éclats de verre ta vie de rock star
désabusée tire-t-elle à sa fin? bois pas si vite
le jour se lève à peine et déjà tu chancelles
sur des flots impétueux l’inceste remonte à la surface
sauve-toi avant que je t’agrippe et
que je te croque une fesse !
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en marge j’accumule les désastres
m’en fais un plat de résistance
ingurgite le vin messianique
et dénué de toute sentimentalité
abandonne mon sort aux mains balafrées
de la masse en perdition où
j’ai vécu des jours glorieux de décadence
remplis de promesses non tenues
et de décisions douteuses
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pour une ligne une roche un hit
je compromets mon existence
en usant de mes charmes et
si par malheur je croise Satan
au coin d’une rue ou sous un réverbère
je l’invite à boire un dernier verre
avant la débandade totale
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paraplégie mentale :
passer une journée complète
à trinquer rue de l’Hérésie
sous un soleil d’abondance
jusqu’à l’inconscience…
jusqu’au sang, jusqu’à l’agonie,
jusqu’à la démence…
comme un acte criminel…
boire pour ne plus revenir sur terre
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nostalgique
d’une gloire d’antan révolue
la sueur perle sur mon corps décharné
par les abus sans répit à faire tiguidou pow pow !
Aral Cyr a publié Le corps à l’usure et La désarticulation aux éditions Sémaphore.