Mon père était fou
Les pleurs persistants d’un enfant ont mis fin
à la nuit dans laquelle je rêvais que j’étais une femme,
pincée au ventre par une douleur continue et soutenue de brûlure,
où je laissais accumuler entre mes cuisses le sang de mes monstruosités,
un sang noir glutineux qui se répandait comme une coulée abondante de salive,
frappé par une odeur forte de maladie ; puis une porte a claqué et une décharge de fusil
a retenti ; le tableau que je fixais s’est décroché, se fracassant en heurtant le bureau.
J’ai tourné la tête et j’ai vu dans le ciel dégagé une nuée d’oiseaux blancs.
J’ai pensé que la journée serait belle pour certains. Je me suis alors souvenu
que la crémation de mon père avait lieu ce soir. Mon père était fou.
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Dans les murs des ondulations. Sur le plancher qui respire
des silhouettes en pièces détachées m’arpentent, me pénètrent…
siphonnées ensuite par les fissures des murs qui s’effritent…
Sous les pans lourds des rideaux, se forme, s’éclaircit une autre silhouette…
C’est mon père ! En lambeaux ! Quelle atrocité !
» Tu n’aimes plus mes effusions d’amour, fiston, c’est quand même moi qui mène
l’enfer ! »