LE FUTUR — François Rioux

Notes sur le futur


Le futur simple est un temps de verbe presque aussi haïssable que le conditionnel passé.

Combien de personnes avez-vous déçues par un usage immodéré du futur simple ?

Gaston Miron prisait le futur antérieur, c’est le temps de l’espoir, voire de la certitude, un temps reposant :un jour nous aurons trouvé le repos.

Dans le futur nous serons maîtres de nos destins : oisifs, artistes – ou chasseurs-cueilleurs.

Dans le futur nous parlerons aux moineaux morts.

Les Romains lisaient l’avenir dans le vol des oiseaux, à l’époque plus nombreux.

Si j’étais capitaliste, j’investirais dans une shop de bateaux.

Conditionnel présent : aussi haïssable que le futur simple.

Dans un certain futur, pas besoin de conjuguer.

Je parle au nous même si je ne pense pas dépasser cinquante ans.

Faisons comme ci.

Comment se sentait-on, à Nagasaki, le 7 août 1945 ?

L’imparfait : faut pas abuser.

Albert Speer, l’architecte nazi, voulait concevoir des édifices en fonction de la beauté des ruines qu’ils laisseraient éventuellement.

Certains espèrent le retour du fascisme. Je devrais – fuck, un conditionnel –, je devrais me remettre en forme dans l’éventualité d’une guerre civile.

J’aime cependant le mot éventuel et sa parenté.

Le latin possède un participe futur, un impératif futur et un infinitif futur, temps que le français a perdus en chemin.

Ni le passé ni le futur ne sont simples, ni la seconde même où je compose cette phrase, où je contemple et hais l’autodestruction.

Tous les verbes sont réciproques.