jusqu’à épuisement des stocks
Le jardin sera beau cette année.
C’est pas moi qui le dis. C’est le temps
que prennent les radis
à rosir sous les couvertures.
J’ai tiré les plans :
deux grands cercles
et une boîte en plexiglas où capturer
le soleil. Le chou frisé
que mangeront les chenilles
a des cousines dans le Nipissing.
Les haricots viennent de Wanup
et les tournesols, de la bibliothèque.
J’ai mis mes gants à fleurs
au lavage, au cas où
le ciel viendrait à tomber
brusquement. Le jardin
va éclore quand la neige aura fini
de caler. La saison en a encore
pour quelques averses de cordes à linge
puis nous pourrons planter. Je planterai.
Sous les aurores boréales
pour faire rêver les tulipes
et les ours noirs. Le printemps
pèsera dix livres
et aura les yeux de sa mère. Sarcler
débiner réparer la pelle
avec laquelle se déplace la montagne
de quelques degrés vers le sud.
Je sais pas qui se nourrit
d’hannetons. J’inviterai personne
à ma table tant que le pommier
aura pas fait ses promesses blanches.
La coriandre aura plusieurs portées
de grains odorants. Au moins
trois, pour la peine.
Je sais pas qui a dit
que le jardin sera beau
cette année. Moi j’y crois.
L’eau éclaircira nos ordonnancements,
décalquera ce qui se cachait
sous le sable des rues.
Les pousses jailliront avec
ou sans nous. Surtout sans nous.
Puisque la terre veut ses enfants
au printemps et en toute circonstance.
Qui vivra plantera. Nous planterons.
Quel bel univers que celui que vous nous décrivez ! J’adore la richesse de vos associations d’images. L’écriture alterne les rythmes, la douceur affronte les certitudes et le futur annonce des arrivées de toutes sortes, tantôt clairement évoquées, tantôt suggérées… Bravo et un énorme merci pour ce partage !