Poésie – Sébastien Dulude





Ouvert l’hiver





entre c’est ouvert
mets une couverte sur ma maison
je chauffe pas assez


le foyer est entrouvert
le bois est usé
l’hiver balaie les cendres


l’allée chez toi est gelée
je m’y retrouve mal
l’odeur de l’intérieur évanouie


où tu dors ce soir
le sol y’est-tu assez dur
pour qu’on s’enfonce dans l’hiver


la maison est débarrée
le vent rentre
souffle douleur


une nouvelle neige contre la fenêtre
et un oiseau s’arrange les plumes
je fondrais sur place


un nuage
et un poème blancs
comme une salle d’attente


passe me voir
je sors pas
j’ai perdu la porte


on s’aperçoit via la vitre
t’as les joues rouges tu souris
je suis figé sur glace


la chaleur est entrée sous terre
la maison s’offre ouverte
soutenue dans l’attente


ton manteau est ouvert
j’ai froid de te voir
tu portes l’hiver comme un gant


bouche ouverte l’air s’engelure
pas un son ne part te voir
pris dans le banc de neige de mes dents


tombé de fatigue et de vin chaud
me suis coupé au visage
contre le calorifère glacial


nu sur le plancher
j’écoute la maison gémir
on s’enfarge en silence


tes yeux sont froids comme la saison
seulement encerclés
de la chaleur rieuse des oies


mes yeux tombent
sur la neige bleue
où t’as creusé des ombres


fille d’hiver
par où tu arrives
à entrer sans lumière ni feu


je suppose
que tu dis touche
de ta peau rose rouge


touche encore
la buée de ma bouche
qu’on souffle à bout




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