« de l’Écrou » ou comment visser l’hexagone


Poème sale, contrairement à Herby Moreau, n’hésite pas à frayer avec ceux qui parlent plus qu’ils ne posent. Nous étions donc, samedi dernier, au bar Les Pas Sages pour assister au lancement du recueil de Carl Bessette : Comme faux. Les lieux, d’abord, se prêtaient parfaitement au caractère intimiste de l’évènement : le ton rougeâtre que diffusaient les lampes usées du regretté bar le Motel donnait à la salle son charme de cabaret.

Déjà en entrant, l’Écrou détonne. Là où d’ordinaire, on nous offrirait canapés tièdes et vin clair, nous trouvons à leur place recueils, t-shirts et macarons. On nous avoue, plus tard dans la soirée, s’être inspiré d’une forme de mise en marché élaborée dans le milieu punk des années 80. Cette volonté de vouloir transformer la façon de « faire du poème » au Québec expliquerait, selon nous, le succès de la jeune maison d’édition. Fondée en 2009, pour offrir une tribune à tous ceux qu’ignore un milieu, somme toute, assez frileux, les Éditions de l’Écrou ne cesse de prendre du galon.

Résultat de l’acharnement de ces deux cofondateurs/poètes, Jean-Sébastien Larouche et Carl Bessette, l’Écrou en est à sa huitième publication en presque quatre ans, et ce, sans aucune aide financière versée sous forme de subvention.

— « Pourquoi je demanderais des subventions? », me lance avec aplomb Jean-Sébastien Larouche .

— « Si t’as un bon produit… ben, il va se vendre! Pis, si y ne se vend pas… faudrait peut-être penser à changer la recette! ».

L’homme qui se tient devant moi, bière en main, me confie qu’en plus des 40 heures semaines consacrées à son emploi régulier, il en alloue 25 de plus à la gestion de l’Écrou. Au fil de l’entretien, on comprend vite que l’éditeur ne doit pas faire l’unanimité dans le petit milieu de l’édition au Québec. Il m’assure que c’est à L’écrou que l’on entretient les meilleurs rapports avec les poètes, puisque ces derniers touchent une part très généreuse sur le nombre de recueils vendus. Malgré cela, il m’avoue ne pas vouloir hausser le prix de son produit —  me déclarant même ne pas comprendre comment on peut vendre de si mauvais recueils à des prix si élevés.

À la lumière de ce court entretien très informel, on se dit que l’Écrou est bel et bien, comme on peut le lire dans leur site Internet, « la bolt qui […] manquait » à une structure des plus précaire. À défaut, néanmoins, de l’avoir jointe à l’armature, les Éditions de l’Écrou se sont emparées de ladite « bolt » pour la lancer dans les rouages d’une industrie de la poésie qui se vautre dans un anachronisme volontaire.

*

L’âge de la parole ne vous était pas exclusivement dédié — c’est à nous maintenant de parler.

Fabrice Masson-Goulet

Voici un extrait de l’évènement de samedi :

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