Poésie – Philippe Meilleur

 

Richard Mill, Callipyge, 2008
Richard Mill, Callipyge, 2008




route 132 un face-à-face

à travers le pare-brise

fusion de ton corps avec l’autre

two as one pour vrai

 

ton corps liquéfié s’écoule entre les soupapes

soupe de chair dans la garnotte

ta peau râpée par les pièces

des flocons de fromage funeste

les os bouillis en spaghettis sauce tomate

ton sang un jus de moteur V8

 

ta peau en farine tes veines en pâte ton beurre de cervelle

du vrai gâteau

un forêt noire de sang de neige d’asphalte

 

on peut ajuster la recette

le goût est toujours le même

un petit quelque chose d’octane de métal avec

un soupçon d’huile humaine

 

la police essuie la nappe nettoie les ustensiles

t’extirpe du moule du cercueil en forme de char

gratte sur les bords racle la plaque brûlée

t’emporte à la morgue te faire cuire à mille degrés

un autre accidenté en fumée

dont les effluves m’ouvrent l’appétit

 

gargouillis dans mon ventre j’arrive

pour lécher le crémage avant les autres

mes mains accueillent

les gouttes salées des pleurs de tes proches

 

sous mon calepin leur tristesse gratuite

devient des larmes payantes

que je jette aux hyènes devant leurs cafés frettes

pour qu’y s’étouffent dans leurs deux œufs bacon extra toast

Criss que ça fessé fort!

 

au dépanneur chinois

ta mort vendue à côté des egg rolls tièdes

ta face en exergue sur les cherry blossom

ta mort une statistique calculée comme

une loterie de la malchance

un gratteux mort si découvert

 

t’avais une chance sur quatorze millions

tu l’as gaspillée

moi je recycle

rien ne se perd tout se transforme

 

un samedi de vacances

où j’ai rien pour fronter






Laisser un commentaire

Entrer les renseignements ci-dessous ou cliquer sur une icône pour ouvrir une session :

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s