langue
j’entrouvre mes lèvres
je me balbutie
j’enfonce mes doigts
un à un les retire
je perce des trous tire
la langue
j’attends que
ça sorte
avalement
ce qu’il faut c’est un endroit où se baisser
parce que les branches au-dessus
l’abondance le sauvage l’emmêlé
où s’enfoncer le sol de terre
en feuilles et vermine
ce qu’il faut ce sont quelques mètres carrés sans
attache ni limite ni loi ni ordre
où les sabots frappent ébranlent
et la peau durcie les yeux fendus
ce qu’il faut c’est se perdre encore
hurler du gouffre
craindre la bête le combat l’avalement
ce qu’il faut ce sont les seuils de lumière
arêtes de soleil crevasses de vent
le visage camouflé l’inconnu
indompté
l’initiale
ce nom mon nom
je ne veux plus
habiter ne plus répondre
y répondre me retourner
qu’on ne me nomme plus
que rien ne désigne
décarner
saigner
effacer découdre les fils
être l’innomée
sale comme la nature même
l’animal à peau nue
la terre avalée
le sang sur les bouches
la blessure de l’initiale
L’inconnu
Corrigez-moi si je me trompe
L’inconnu fâche
Tous courent se réfugient derrière le « je »
transformé en torche
apparition parfaite
Ils se coulent dedans
Me coulent dans leurs désirs
Me noient dans leurs interprétations
Me strangulent dans leurs limites
La silhouette sans forme qui rampe sur le papier
Laissez-la partir
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