Poésie – Christophe Lacasse

Thierry Feuz, Psychotropical, huile sur toile, 2007
Thierry Feuz, Psychotropical, huile sur toile, 2007





Proses puériles pour Rrose Latulipe
(Humanusur Polyflop, vol. 3)


Une pouliche qui fait peur à des tigres

Debout depuis deux heures de l’après-midi, je fume une cigarette en me préparant un bagel au jambon. Ma coloc a laissé son souper d’hier soir durcir sur la cuisinière : moitié de sandwich et restant de Kraft dinner. On m’a offert un steamé all dressed en récompense contre un poème. J’ai pointé mes doigts contre ma tempe et j’ai tiré, mais le chargeur était vide. Si j’étais un beigne, je voudrais un glaçage bariolé. La milice des cigales s’apprête à renverser le règne des fourmis. Une tasse de camomille avec Cookie Monster et Monsieur Maladroit. Je souhaite une épidémie de gastro-entérite au Parti Conservateur du Canada. J’attends d’entrer en collision contre celle qui fera exploser ma vie. Ensemble, nous nettoierons le bonheur avec les meilleurs produits sur le marché.


Je suis un peu stupide, mais ça devrait aller

Les dates de tombées m’intimident de leurs regards réprobateurs. J’ai détraqué mon horloge biologique, et les magiciennes m’ont jeté des sorts agrémentés de confiseries. Les mauvais coups de mes vilains garçons taquinent les corvées d’une boîte à surprises. Nous ferons griller des autoroutes dans un jardin secret à défricher. Il faut prendre son courage à deux pieds quand les oreilles ont des murs ; j’irai me faire cuire un œuf ailleurs, voir si j’y suis. Des coïncidences de tout-croches et d’ours en peluche, de pinces sans rires et de sous-fifres malfaisants. Une caricature de l’outrance, comme une cicatrice tracée aux Crayolas cariés. Je me suis acheté des Froot Loops pour arrêter de penser à toi. Ça ne fonctionne pas super bien, finalement. Il faudrait que j’en mange beaucoup trop.


Commérages superflus

Prendre du repos, oui, du repos. Se remettre des bricolages tristounets et des babillages de cabochons, loin des magouilles infantiles et des politicologues douteux. J’ai la bouche médiocre et tout le bataclan, frivolités rafistolées à la mode de l’anomalie. L’amour qui flotte sans laisser de traces, et puis tombe, et puis revole, et puis tourbillonne fort et loin et toujours plus, n’importe comment. S’éprendre des risques, assortir sa zone de confort. La tristesse a 90 synonymes. Des aléas aléatoires ont désassemblé les mythomanies d’inventeurs invétérés dans l’art de dompter des invertébrés ténébreux. Un mal de ventre organisé par des biscuits. Heureusement, l’imaginaire reprend de la bête du poil. Je ferai de belles références textuelles, promisjurécraché, mais rien de bien grandiose.








Christophe Lacasse poursuit une maîtrise en études littéraires à l’UQAM. Il a publié des textes dans les revues Steak haché et Estuaire, a co-fondé les Éditions du Somnambule en 2008, et a participé à des lectures publiques. Depuis 2012, il a publié les deux premiers volumes de son projet en cours, Les fabulations d’Humanusur Polyflop, dans les numéros 148 et 154 de la revue Estuaire.

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