Poésie – Fabrice Masson-Goulet

Osvaldo Ramirez Castillo, Natural Soldier, 2012.





le dos tournée
aux époques de nouaison
chacun se terre
désormais
entre l’inflorescence
et la floraison
entretenant en chacun
de ses pétales froissés
le mensonge
d’une fleur
à jamais
confortée

*

au cours de crossfit
du lundi matin
six heures

tous s’affèrent
devant leur barre
obstinés
à mener à bien
leur amrap
de muscle ups

fière
de son kipping
enfin maitrisé
anne-sophie
impose le rythme

ses seins pointus
palpitent et tanguent
parviennent à se hisser
à grand-peine
au-dessus de la barre
transversale

par excès de zèle
la jeune femme
tente une dernière
répétition

ses mains glissent

elle tombe

son grand fessier droit
absorde la chute

une pause

tous regardent

personne ne bouge

anne-sophie
retient ses pleurs

elle
est
seule

il ne faudrait pas
sacrifier son entrainement
se dit-on
pour une conne pareille

*

perdre
de ta bouche
l’intimité

perdre tout

de ton crâne
à tes pieds

c’est bien pire
disons-le
que de perdre
son iPhone
ou
même
ses clés

*

il est venu rendre son dvd
visionné la veille
sans grande attention

il a appris
entre autres choses
que la biochimie du corps
est le produit de notre conscience

qu’il semble
qu’en nous mettant
a l’écoute d’une réalité nouvelle
nous pouvons préserver nos corps
des ravages et des déficiences
liés à l’âge

il a pris l’ascenseur
jusqu’au quatrième étage

enfourché
la balustrade de verre
de la bibliothèque
et archives
nationales

sur twitter
personne n’a pu
toutefois confirmer
si la chute s’était
avérée fatale

*

Mon cœur baigne
dans la boue
depuis que
tu t’aies mise à fréquenter
de moustachus barmans
aux jambes minces
comme celles
de tes enfants

*

quand je joue au professeur
je parle de « changer la vie »
de « transformer le monde »
mais une fois
les livres fermés
je retourne chez moi
me branler

et ces inconnues
devant moi
qui jouissent mal
me rappellent combien
j’ai mal

j’aurai vu plus de visages
à quarante ans
qu’ont vus
dans toute leur vie
mon grand-père
son frère
et leur père
armand

*

il faudra
t’adapter
aux nouveaux jeux
de la séduction

ton premier
dick
pic
et un second
avec 
éjaculation

comme 
tous
ces garçons
sur youporn
qui se masturbent
contre
 le visage
de leur copine
endormie

il faudra
dès lors
te dire
rien
 qu’une 
fois
l’on ne vit

*

le dos tournée
aux époques de nouaison
chacun se terre
désormais
entre l’inflorescence
et la floraison
entretenant en chacun
de ses pétales froissés
le mensonge
d’une fleur
à jamais
confortée



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