Le métro brinquebalant file sur la ligne orange emportant avec lui le convoi matinal de voyageurs affublés de masques à gaz. Tous se tiennent debout, les bancs ayant été retirés depuis longtemps pour permettre un meilleur chargement. À chaque station, de nouveaux voyageurs pressent leur corps blême contre celui des autres. La tête baissée, ils rêvent de vacances d’oxygénation en altitude, là où l’air est encore pur et le soleil brille comme autrefois. D’autres ne se font pas d’illusion. Soufflant dans un sac en papier, une femme tente de contrôler sa respiration. Son fils ayant cassé son masque la veille, elle lui prête le sien pour qu’il puisse aller à l’école. Seulement quelques stations la séparent de son travail équipé de fenêtres filtrantes. Elle doit tenir le coup jusque-là. Elle commence à avoir mal à la tête.
Attention. Un frein d’urgence actionné nous oblige à interrompre le service sur la ligne orange. Merci de votre compréhension.
Un sans-abri bouscule quelques voyageurs et court vers la sortie, son chandail couvrant son visage. En gravissant l’escalier, il perd l’équilibre et tombe dans les marches. Quelques gouttes de sang maculent le sol. La bouche entrouverte, les yeux exorbités, l’homme tente d’interpeler les passants. La femme retient ses larmes. Elle jette un regard circulaire aux voyageurs imperturbables qui emplissent le silence de leur respiration lente et profonde. Derrière leurs masques étriqués, personne ne remarque qu’elle perd connaissance.
Super cool! You got this girl!! xoxo
Ce petit extrait de vie comprend bien des pistes intéressantes et ouvre sur plusieurs réflexions. Les personnages sont vrais et attirent notre empathie. Merci infiniment !