Simulations
nous venons de moissonner nos tous derniers
amoureux de ruelle. il nous fallait
un taux plus élevé d’émerveillement relatif
nous craignons désormais pour la rentabilité
des métaphores. et si le vide
ne s’américanisait plus comme avant
*
on voudrait bien tout fuir échapper à quelque chose enfin aspirer l’air à la source mais le moindre souffle a été climatisé selon les normes les plus fiables la moindre pulsion réusinée il n’y a plus de hors-zoo non il n’y a même plus de hors-quoi
*
nos cœurs se sont purgés de l’odeur trop obscène
des chakras. ce sont des affections de synthèse
qui battent au loin. dépouvues de nous
pendant que nos yeux se rivent sur des apocalypses
de poche. des larmes pixellisées luisent infusées
de la nuance marine des microplastiques
*
on se remémore ces jours où l’on nous annonçait sans ironie que le futur ce ne serait pas demain la veille oh non et qu’il n’y aurait pas d’intelligence artificielle tant qu’une machine ne se serait pas suicidée
*
qui saurait dire ce que nous ferons pousser demain
dans l’arbre amniotique. des corps tout neufs munis
de poches secrètes. qui saurait dire
mais nous n’achèverons pas de développer un marché
pour de beaux chromosomes à colorier. pour des loups
encrés noir à gratter. diabétiques
*
ce n’est peut-être pas ce que l’on s’imagina lorsqu’une terre naissante nous chuchota qu’il y aurait sans cesse du vivant à inventer non sauf que maintenant on sait ce que ça voulait dire
Un texte dur aux images déchirantes.