Poésie – Vickie Gendreau

 Max Wyse, « Les lièvres et leurs enfants » 2003 technique mixte sur plexi (diptyque) 246 cm x 142 cm
Max Wyse, « Les lièvres et leurs enfants » 2003



 
 

VÉRONIQUE MOTEL




un parfait gentleman
tu vas te cacher dans ta chambre
pour éplucher ton blé d’inde
tu loues une chambre d’hotel
pour éplucher ton blé d’inde
ton oreiller gigote
les paillettes de coin supérieur de mon chandail ont éclatées
tu as revolé
les draps sont laiteux
lit si stone de désir
écume de tant de jambes
propriétaires intoxiquées
que l’on paye
neige
je fais un ange
ai fait l’étoile
gratis
la lavandière cogne
j’ai la rage
la peau jaune
l’urée sucrée
deux ailes glissantes
beurre jouet
tu es parti curé
dents pas de souris
le lit est encore tiède
l’oiseau est entré
fenêtres fermées
rideaux qui téléportent
jailli d’un motif
hâle le mascara


ton paquet de cigarettes

dans la salle de bain


salle d’eau haïku
pleine de la bave organisée d’une araignée
j’ai huit mains
je m’ennuis d’en avoir quatre
tu as laissé une note sur le rabat
j’ai écaillé le liquid paper d’entre tes strophes
j’y ai nourri mon canard
un poème
illisible
un mot la ligne
trop de parking
traffic inhumain
loft pour personne
total gaspillage de papier
tu as oublié un chiffre dans ton numéro


ton pot de médicaments

vide

sur le comptoir


la sonnette brisée?
le tapis peau au pied de la porte
sous-plat pour le monde entier
du meurtrier équipé au petit poète sensible
le peler
la clé
main
main Bic
ma main
pu une cenne pour l’autobus
vers le téléphone
un vautour fait son nid dans mon utérus
tu as caché notre premier french
dans les souliers de ta coupe de vin rouge
ta blonde
dans le cendrier
métaphore allumette
le ciel a juste bu une bière
les nuages font qu’un petit pipi
l’oiseau va se cacher dans le taxi

je le suis


omis de ramasser

tes mégots dehors


envie de me mettre
du Tide dans les idées
du Bounce dans l’agenda
cassable aujourd’hui
cristal
fuite à remplir de champagne
face pixellisée
de glace
glace sèche aujourd’hui
pas envie de pleurer
hier
l’oiseau avait chié dans mon verre
il est vide
et dans l’armoire
les gens me soûlent
le jardin est plein de mégots
à en rendre les poumons du party infertiles
je vais dans la cuisine

Corona

une vieille échalote lève la main derrière

Corona

élève violente
lui a sacré une volée
je l’amène dans mon bureau
de directrice pas d’direction
lui plonger le décolleté
me sortir la langue par les yeux
la dérouler
sleeping bag
pour questions existentielles
le mal d’aimer
d’aimer
la graine au soleil
l’apostrophe perché
l’aile givrée
portraits divers
le bec à l’air
d’aimer
j’en reviens et je ne sais déjà plus comment y retourner
le crâne pour sachet
à émietter
rien écrit depuis une semaine
le papier mouillé
moi, je chante pour personne
personne fait la file pour les toilettes
personne danse
personne flash ses boules
personne enlève ses petites culottes pour me les lancer
personne me demande mon autographe

“avec amour,

pour Personne Davidson”

“avec amitié,

pour Personne Tremblay”

“avec tendresse,

pour Personne Gagnon”






Vickie Gendreau est née à Montréal en 1989. À l’automne 2012, elle fait paraître au Quartanier Testament, son premier roman. Elle travaille présentement à l’écriture de son deuxième livre, Cinéma expérimental. Lien vers le Quartanier ICI








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