lentement
à la télé
dans leurs vêtements rouges
et leurs gestes en cris
vers le ciel
je veux être la fille
qui tient la dinde.
Je veux sourire bêtement
dans le tartan
et le blond.
Une fois que les liens
seront défaits
et que le plafond saignera,
il n’y aura pas de névroses,
il n’y aura pas de chair
qui se repliera dans le doute.
Je vais continuer
de tenir la dinde
et ce
sera mon moment.
3.
Je construis des châteaux
dans ma chambre.
Je me raconte des histoires.
C’est peut-être pour ça que j’écris.
J’écris parce que je veux être
ultimement
heureuse.
Je veux être plus heureuse
que tout le monde.
Je ne veux plus que ça gratte
sur la soie trempée de mes
genoux.
Je suis bien devant les belles images.
Je ne sais pas quel âge j’ai, au fond.
Je ne suis pas raisonnable.
Je veux des fêtes
et une bague.
Je veux qu’un garçon m’étale
sur ses murs.
Je veux que les maisons brûlent
et que le ciel soit mauve
et avoir l’impression qu’il va vraiment
se passer
quelque chose.
Je crois à l’impossible même
si je me tue un peu à chaque fois
que je crois un peu plus.
Je dénoue les noeuds de
mes habits
et je trace les contours d’un visage
dans l’air.
Je lance des appels tard la nuit.
Je vois la banlieue,
je vois les fils électriques qui dessinent le paysage,
j’ouvre les cuisses
sous mes draps,
je ne sais pas qui je suis,
je veux être un dessin dans ton livre
de dessins,
la ville va exploser,
les avions vont ressembler à du papier crêpe,
les cravates vont goûter la cendre,
je
voudrais
te
tenir
la main.