ICITTE ET LÀ
pendant que j’vous clame ça
quèque part une femme pousse
un cri
elle ouvre entier son corps pour laisser passer la vie
y’a une vache
une lionne
une pieuvre
une licorne
une papillonne
une opossum
une truie alimentaire
une otarie
une ours polaire
une rhinocéros
une chacale féroce
une lapine de laboratoire
une tortue
une araignée
une crabe une méduse
une baleine une brebis
qui font de même aussi
mais sans la même espérance de vie
pendant que j’vous clame ça
ça clame dans une autre galaxie
j’en suis certain
ça clame dans ton jardin
ça s’prépare à clamer dans tes arbres demain matin
en Suède en Iraq en Polynésie
ça clame au front
en psychiatrie ou en prison
ça vide des chargeurs de mots
comme des munitions
dans des miroirs
dans des igloos
qui fondent sur la langue
comme du bonbon
sucré amer
déjanté calvaire
pendant qu’ma glotte
fait que des sons sortent
prennent la poudre d’escampette
jusqu’à vos oreilles suspectes
pour aller au cerveau
être triés
entre c’qui est laid
c’qui est beau joli
c’qui va au cœur
c’qui va à l’oubli
y’a un kid dans son lit
les yeux ben ouverts
depuis des heures
parce que l’chum de sa mère
va rentrer saoul à soir…
et que demain à quatre heures
après l’école, anyway
ça s’ra courage ou stupidité
dans l’stationnement
d’vant l’grand Tessier qui sniffe d’la colle
qui ouvre des grosses Mols avec ses dents…
pendant que j’vous clame ça
y’a des amants qui ont un orgasme simultané
quèqu’un s’écrase d’un infarctus
quèqu’un moffe son autobus
quèqu’un promène son chien juste pour le choker
quèqu’un boit du café
en s’préparant pour le shift de nuit
pendant qu’sa femme écoute la TV
pis que sa fille est toute ensorcelée
par le premier amour de sa vie
qui droppe dans son verre du GHB
un pompier sauve une vieille dame d’un incendie
un pyromane rentre chez lui
un médecin se d’mande comment
annoncer la nouvelle à son patient
qui nourrit ses chats
pendant que j’vous clame ça…
pendant que j’vous clame ça
y’a des boss avec des profits, des coûts
des couteaux
comme dans du beurre
au buffet des crosseurs
sur invitation seulement
comme au Paradis
des osties d’gros speakeurs
qui garrochent des slogans
et des publicités à bout portant
dans tête d’un adolescent
qui met la touche finale
à douze bombes artisanales
dans l’sous-sol de ses parents
qui sont au cinéma
à s’hollywoodiser
pendant qu’mes nerfs me jouent des tours
que ma salive s’amenuise desséchée
les mots circonvolutionnent
comme des vautours…
pendant que j’vous clame ça…
y’a des rires et des drames
des pires et des charmes
et un paquet de murs muets
qui en sauront toujours plus en fait
que le FBI
et la GRC.
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