Ce n’était dû que pour le 25 mai dans le cadre de Chromatic, mais là, il fallait commencer tout de suite.
Un éditorial, presque:
Face à la multiplication des écrans et à la vue d’une identité qui s’affirme de plus en plus par le biais d’une photo de café latte sur Instagram, la question de la poésie s’impose d’emblée. Quand les mots deviennent ritournelles et véhiculent sans cesse les mêmes idées, restituent de pauvres images préfabriquées, et viennent à nous les mains tendues, pleines de choses à vendre: comment — réellement — favoriser l’exercice du langage? Comment entreprendre une remise en question des frontières du texte? Comment, tout compte fait, ramener la poésie dans les salons, dans les toilettes, dans le métro, dans les cuisines, dans les cafés, dans les bars, dans les manufactures et les centres d’appel? Alors que notre époque est au cœur d’une révolution du discours — celui du Verbe du retour sur investissement — il nous semble que la poésie reprend, à peu près, et peu à peu, ses droits en déconstruisant le langage et le discours — en défonçant les cloisons de la parole.
Y a-t-il période plus encline aux bouleversements que la nôtre?
L’Union européenne s’effrite — le monde est foudroyé par des crises économiques cycliques — les valeurs des Lumières ont depuis longtemps été remplacées par celles du marché, de l’offre et de la demande — l’argumentaire financier prend le pas sur une pensée qui place l’individu au centre de sa réflexion — l’espace culturel est soumis au joug du divertissement — dernièrement, les rues de Montréal ont été le théâtre de la plus grande manifestation de son histoire.
Tout est à refaire — la tribune est libre.
Exprimez-vous.
L’âge de la parole vous appartient… aussi!
Poème sale : Charles Dionne et Fabrice Masson-Goulet
La suite, très bientôt.
Photo: lealacroix.com