Printemps 2012
J’entends mal les voix
qui deviennent rauques sous les coups
Je vois plus les slogans
Dans les nuages lacrymogènes
J’ai perdu l’espoir
Quand ils l’ont embarqué
Des tie-warps aux poignets
J’la comprends plus ma ville
Elle porte un autre visage
la haine sur toutes les bâtisses
Y’a juste les rues de reconnaissables
Quand les habitants la porte
Dans leurs mains
Protégez-vous
Protégez-vous
De vos casques
De vos plastrons
Et de vos boucliers
Il y a rien de plus fort que l’avenir
Moi aussi j’en donnerais de ma terre
Mais on me la vole
Me la pille sous les pieds
On excave mon espoir
Me laisse le gout amer du cynisme
Rendez-moi sourd de votre TV
Flashez-moi!
C’est la seule façon que vous me rendrez aveugle
Faites-moi perdre un œil pour mes rêves
Comme ça on sera quitte
À fin,
Quand vous additionnerez les pertes
Nous serons trop pour être taxés
Pas sur la santé
Ni sur le gaz
Mais
comme on taxe le plus faible
d’in ruelle
Le vendredi soir.
Après,
les balles de caoutchouc serviront à rien
Parce que les idées, ça reste debout
Ça plie pas
Ça garde les genoux drettes
Pis la tête haute
Frappez nous
On répliquera
La justice a un bandeau s’es yeux
Pis sa balance fait plus le poids
Corrompez-en de la radio
Des fronts pages de journaux
On a pus l’argent pour les acheter
On a pus le luxe de vous croire
On a crié sous vos matraques
Pleuré dans vos nuages de gaz
C’était sale
Dans vos prisons
Vos rues
C’est tout ce qui vous reste à défendre
Né en 1991, dans un petit village de campagne, Antony Lacroix peaufine son recueil Carcasse d’occident : haïkus et autres non-poèmes qu’il compte auto-publier bientôt.