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Russie. 2011. 134 min
Il me semble un peu casse-cou de faire la critique de Faust, plus récent film d’Alexandre Sokourov et point final à sa tétralogie sur le pouvoir. D’autres, friands de cinéma russe ou spécialistes de Goethe seront assurément plus outillés que moi pour en analyser la substance. Mais voilà, de l’aveu même du réalisateur, ce film ne prétend pas à une étude complète du Faust de Goethe. Il aspire d’abord à éveiller la curiosité des spectateurs, à donner envie de lire cette oeuvre qui est, selon Sokourov, le “summum de la pensée artistique européenne”.
Reste pourtant un mythe, un monument, un incontournable de l’imaginaire occidental: Faust. Et un grand, un monument, un incontournable du cinéma contemporain: Alexandre Sokourov.
Alors, qu’en dire? D’abord que Faust, sans les autres films de la série (Moloch sur Hitler, Taurus, sur Lénine et le Soleil, sur Hiro Hito), n’aurait pas la même force. Le plus touchant dans le travail de Sokourov demeure, selon moi, sa capacité à montrer l’homme tout en laissant les connaissances historiques du spectateur créer le contexte. Plus on en sait, plus grand est le vertige devant l’écart entre la grandeur des événements, devinés en trame de fond, et la simple humanité du personnage, montrée.
Mais là où Faust se distingue, c’est que le film n’est pas construit autour d’un homme ou d’événements réels. Il est plutôt un superbe complément aux autres films, en associant à trois hommes de pouvoir mythiques…une réflexion mythique sur le pouvoir. Alors, bien sûr, allez voir Faust. Le film est signé par un talentueux cinéaste, soucieux tant de l’esthétisme que d’une réflexion sur la condition humaine. Son oeuvre jette un regard nourri sur le pouvoir, le très grand pouvoir, et sur les hommes qui l’ont porté.
Allez voir Faust. Mais lisez Faust de Goethe, aussi. Écoutez Moloch, Taurus et leSoleil (dans l’ordre ou dans le désordre). Lisez ce que d’autres en ont dit ou en diront. Le réalisateur le dit lui-même: ce film est d’abord une invitation à aller plus loin.
Faust prendra l’affiche au Québec le vendredi 21 septembre.
À Montréal, à l’Excentris et au Cinéma du Parc
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Dominique Charron