Poésie – Sarah-Maude Beauchesne

Mon strabisme à cause de Toi


Tu me prends en photo quand je cuisine des mets Chinois.
Tu touches mon sein gauche tu dis qu’il a grossi.
Tu dis aussi que t’es au paradis-ostie.
Je feel pareil comme toi.


Tu parles au monsieur dans le taxi.
Tu lui racontes qu’on s’en va à Paris.
Il est content pour nous.
Tu lui promets de m’amener partout.
Tu me prends en photo quand je m’en attends pas.
On les développe j’ai l’air handicapé.
Je te donne une bine ça t’apprendra.


J’aime pas ça penser que sur tes snapshots j’ai l’air handicapé.


Tu parles à la barmaid qui a l’air niaiseuse.
Tu lui dis qu’elle a deux beaux yeux de chanceuse.
Tu lui demandes si elle veut faire l’amour avec toi.
Pis aussi avec moi.
Le lendemain on se réveille les trois.


Tu dis rien
moi non plus
la chanceuse non plus.


Tu vas la reconduire à l’arrête de bus pas le choix.
Elle habite pas sur l’Île avoir su.
Tu me prends en photo tout-nue pendant que j’enfile mes bas.
Tu dis que «c’est beau fais-toi z’en pas».
Je perds l’équilibre je pile sur ton manga préféré.
Tu faillis de me chicaner.


Et tu recommences à tout prendre en photos tu pognes ton chat à manger du jambon tu pognes l’autre à prendre sa douche avec ses bas on passe des après-midi au Wal-Mart à attendre deux pis trois heures pour qu’un film se développe on mange deux cheezeburgers un bouchée pour moi deux bouchées pour toi on alterne on fouille dans les DVD trois pour dix piasses on se déguise on lit des biographies à voix haute on dépasse dans les files d’attente on s’invente des comptes en banque tu fumes un paquet de topes au complette moi aussi mais dans ma tête.


Les photos sont prêtes on revit nos vies à l’envers tu ris de mon strabisme occasionnel mon strabisme de photographie au dépourvu et je me chute-libre le corps en amour avec toi souviens-toi de moi comme tu me vois en face de toi.




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