Couler
j’accepte de recouvrir les traces avec des pas nouveaux
pour autant qu’ils serpentent
je ne me reprends pas
j’essaye de voir dans quelle articulation de mon corps tu t’es coincé
j’essaye de voir si je suis capable de me transformer en statue
tu me tentes mais d’une façon très cataclysmique très soudaine subite et inévitable
le reste du temps je me tasse
en ma qualité de contemplative je suis une baleine échouée sur une chaise devant une table déployée
l’après-midi se passe comme si je n’étais pas là
le mur est sale
je me laisse couler par la journée avec la journée, tranquillement
j’ai envie de circonscrire la peine et de penser à la mort
tranquillement
ma tête suit le soleil qui gagne du terrain sur la terrasse
je pense à un homme qui fait semblant de rien
qui me lèche pour me rassurer
qui n’a pas de place pour moi dans ses mots croisés
je ne retiens pas ma respiration je me tasse
je m’annule je m’anipule je m’entends choir je me laisse choir
j’évacue
la cire
blindée
de mes
paupières
je me trouve une peau punitive
un échec étalé en plein visage
je suis occupée de mes hanches
préoccupée
captive
changée
de mes hanches
une obsession pour des vers jamais résolus dans un algorithme flamboyant
cher, cher, cher beau visage, je m’assois pour te dire
qu’en tant qu’aspirée je varge dans ce que tu désires
j’amène mes côtes à former un cadavre inspirant
je me trouve une fatigue qui ne s’efface pas avec des mains surprenantes
avec des doigts comestibles
j’estime l’hiver à venir et je le considère
je m’anticipe : je n’ai rien à vendre à personne
je chante des choses secrètes dans ta poitrine : chatoyante
je continue d’abuser de l’épithète de la bibliothèque de l’épine dans le pied du chemin de croix de la survivance de l’esprit de bottine crier mordre penser
avoir mal
quesse t’as?
j’ai mal
je ne crois pas en l’avenir. c’est pour les pauvres.
D’autres textes de Roxane ICI et ICI