M- Ma mère était hipster

Poème sale a demandé à 52 auteurs d’écrire sous l’influence du bavardage. Lisez leurs textes du 1er au 28 février 2013. Retrouvez les textes publiés antérieurement dans notre Table des matières

Matière, masturbateur, méchoui

M comme monomanie, pis les toiles de Géricault auxquelles tu penses toujours quand tu vois ce mot-là pis que tu les googles pour revoir la face de cette madame au regard weird.

M comme moineau, parce que ça te donne une recherche d’images pas mal drabe de ti-oiseaux jusqu’à ce que tu pognes celle d’une méga pompe qui aspire les toilettes des culs français qui s’assoient dessus.

M comme manifestation, un mot que t’as vu passer souvent sur ton fil twitter pendant que tu braillais devant CUTV qui montrait des policiers qui frappaient comme des sauvages sur du monde dans rue.

M comme mammaire, un surnom que t’as pogné sur Facebook et que tu te demandes vraiment pourquoi t’es collé avec vu que tu portes du A sympathique ou du petit B quand la compagnie de brassières a le toton moins généreux.

M comme Miranda July, pis des maudits beaux films que tu googles des fois entre deux tâches à faire pour te faire sourire parce que c’est beau tsé.

M comme mnémotechnique, parce que tu penses que t’auras bientôt besoin de trucs comme ça pour te remettre le cerveau sur la track à force de le perdre un peu partout entre deux (pis 3, 4, 5) idées qui te passent par la tête en même temps pis que tu restes figée là à pas trop savoir où commencer parce que, wow, tu viens d’en avoir une sixième qui vient de poper en regardant tes abonnements sur Tumblr.

M comme malaise, parce que c’est le mot que t’as en tête pis que tu dis tout fort juste avant de flusher ton ami virtuel, que tu connais fucking pas au fond, qui like et share des photos de jeunes filles qui ont pas l’âge en tenue d’Ève.

M comme Michael Jackson pis que t’étais en Italie quand yé mort pis que t’aurais aimé pouvoir facebooker ou twitter quelque chose comme; yé tu mort? icitte tout le monde parle italien pis j’comprends fuck all. Pis que t’as réalisé après que tu prenais l’avion à côté de Nicolas Mavrikakis pis que ça t’as soulagé parce que des genres de vedettes dans ta tête ça meurt pas en avion, faque pour une raison obscure que t’es pas sûr toi-même de comprendre t’es safe si t’es sur le même vol.

M comme maudite marde quand ton ordinateur lag comme c’est pas possible pis que t’as vraiment un bon statut FB que tu veux pas perdre parce que, dis-lé, c’est un peu drôle pis un like ça te pimperait ta journée

M comme maladie pis toutes les gensses qui prennent leur wall pour un CLSC pis qui te jasent de leurs ti-bobos non-stop pis que toi t’as le goût de dire: sacre-moi donc une petite patience merci bonsoir.

M comme mourir, parce que tu trouves ça rushant de penser à ce qui peut advenir de toute ta présence sur le ouèbe pis que t’espères avoir le temps de toute flusher avec suicidemachine pour que personne usurpe (c’est un beau mot ça by the way) ton identité. Deux mammaires, t’imagines?

M comme Montréal où de nos jours tu peux ben te taguer à travers la ville au complet pour avoir l’air cool d’être partout à la fois, mais qu’au fond tu te dis souvent, cette soirée-là est donc ben plate si t’as le temps de penser à ça voyons donc toé.

M comme montrer, parce que tu fais de la pornographie de toi-même pis tu vis dans l’extimité non-stop dans un monde virtuel un peu strange où tu parles de toi qui est pas vraiment toi avec des gens qui sont eux mais pas vraiment non plus. ayoye hein.

M comme Myriam slaque donc le café six bols.




Myriam est fondatrice, rédactrice en chef et édimestre du webzine “ma mère était hipster” dans lequel 14 collaborateurs et elle-même décortiquent la culture émergente à Montréal.