Poème sale a demandé à 52 auteurs d’écrire sous l’influence du bavardage. Lisez leurs textes du 1er au 28 février 2013. Retrouvez les textes publiés antérieurement dans notre Table des matières
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c’est moi
je suis là
je sais que tu m’entends
m’entends-tu
j’écrirai toujours ça
ça ne se dit plus
X
j’entends encore ton râle grave qui grogne mon nom et frôle ma face
ça vient du sous-sol de ton corps qui meurt du cœur couché sur le dos
ça vient d’en-dessous du plancher de la cuisine
ça vient du lac noir à côté de la maison
je l’entends avec mes mains qui t’écrasent la poitrine
je l’entends avec ma bouche qui souffle dans ta bouche
je l’entends avec mes genoux contre lesquels je m’appuie de toute la tendresse de la force de mes seize ans pour débloquer la mort qui est prise de travers dans tes artères
c’est entré par là
pas destiné à sortir
X
mais parfois ça coule de ma peau
en poèmes
en furies
effusions hémorragies diverses
X
et parfois le râle se change en un bruit blanc d’une amplitude aliénante
et d’un coup la chaleur de ce massage cardiaque m’échappe et le fantasme de te tabasser de toute la tabarnac de force de mes seize ans circule dans mon sang
X
et parfois la nuit
dans le silence
ça devient une longue ligne de plus en plus stridente qui se dessine sur mes nerfs
une fine ligne d’X comme produite par une minuscule machine à écrire qui me pique avec des aiguilles
qui me perce
me marque
et me referme
qui m’assure que rien ne sorte
rien ne paraisse
rien ne disparaisse
tiens ça mort
la cicatrice est plus belle que la blessure
regarde-la caresse-la
n’en parle plus
garde ça sous ta peau
tiens ça mort
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XXXX
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Sébastien Dulude vit à Trois-Rivières depuis 2002 et pratique la poésie performance depuis 2008. Depuis, il s’est fait progressivement connaître pour ses actions lors desquelles l’effort du corps est poussé considérablement loin, conjuguées à des textes dans lesquels intimité, violence et malaise se côtoient. Ses récentes performances ont exploré l’intrication entre la douleur physique, la peur et la voix.