Poésie – Josianne Lavoie

Osvaldo Ramirez Castillo, Nahual Soldier, 2012
Osvaldo Ramirez Castillo, Nahual Soldier, 2012



Ostie

Que

Ça Fait Mal

L’extraction buccale des mots, du port d’encrage, le traitement de canal de Panama, la peau de banane, la glissade dans la boue, les carcasses d’oiseaux, les œufs d’autruche au déjeuner: il y a du sable dans mon assiette, des roches dans mes souliers pour la baignade et il faut bien noyer les poux, la poussière et les choux graisseux, et il faut bien cacher les assiettes sales dans les craques du plancher, ça ne les fera pas disparaitre, surtout pas l’odeur.




Ostie

Que

Ça Fait Mal

Avaler le sourire que tu forces à mes lèvres, ne surtout rien laisser paraitre par orgueil, masquer les souvenirs qui se dessinent dans ma tête, les enfouir au fond de ma gorge avec les regrets qui commencent à pourrir, qui me donnent l’haleine fétide de ces nuits sans lendemain, je tente d’ailleurs si mal de la fuir et elle me rattrape toujours et elle me le rend si bien au matin, et moi qui pensait l’aimer cette folle passagère.




Ostie

Que

Ça Fait Mal

Ces images qui me devancent et me précèdent, j’accélère et hésite, entre repartir et compter de mille à zéro, la ligne est mince, et l’interstice camouflé, et j’y tombe et me perd, je revisite et je lèche les lieux communs en vulgaire passante: leur odeur familière, la nausée abondante, la bave en onguent appliquée en couche mince sur les plaies encore fraiches d’une peau qui rapetisse.




Ostie

Que

Ça Fait Mal

L’étroitesse de mon enveloppe charnelle devenue trop petite, les dents qui claquent le tempo des os qui cassent, l’étourdissement en spirale trou-noireuse, la lourdeur des membres qui ne répondent plus sous l’assaut des aiguilles, le souffle qui éclate les poumons qui éclatent l’élastique et le cœur qui saute son tour, et le mouton qui mange sa propre laine, et qui s’étouffe de ce trop-plein d’air et de rien.




Ostie

Que

Ça Fait Mal

Et crisse que ça peut remplir tout entier le vide, et crisse que ça peut faire du bruit le silence, et plus je découpe et recoupe, plus je pense, et le gris c’est du noir sur du blanc, et j’en suis aveugle maintenant, et je suis certaine de la brillance des couleurs, et je ne questionne plus la lumière, car je crois que mourir avec des étoiles dans les yeux quelques secondes, c’est quand même beau… un peu comme une image.




Mais, OSTIE que ça fait mal.






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