http://galerienicolasrobert.com/?page_id=118
Rouge
suffirait-il d’une tache rouge sur un fond vert
pour que les somnambules s’essoufflent
dès le bas de la côte meurtrière
dès l’entrée sauvage en matière
grise et grisante
de nos penseurs pesants
sur la scène virtuelle qui allume les esprits
chaque jour chaque minute chaque seconde
à taper à chercher à graver
de jugements criards
le papier lumineux des écrans relais
remplaçants tout aussi ridicules
que les journaux non intimes
torchons à pensées tronquées
imbibées de bavardages
surévalués à grands coups publicitaires et martelés
par des rumeurs intellectuelles courant les rues
une équipée de marathoniens armés
de lessiveuses de cerveaux
humides et mous
molasses et tordus
essorés de toute opinion légitimement construite de leurs mains
laborieuses d’antan mais délavées aujourd’hui
de traces de courage
d’opinions amincies transparentes
qui ne seront plus jamais cherchées frénétiquement
ni espérées ni anticipées ni craintes
par les avatars hallucinés de nos sombres solitudes
nous qui marchons la tête à marée basse
depuis que le large nous a volé nos certitudes
d’un ressac crasseux
englués de doutes galeux
entrainés dans l’abime d’une nostalgie poisseuse
qui endort de ses ronronnements bruyants
les hommes qui furent naguère les phares
pointant férocement vers la liberté.