j’ai lu quelque part qu’il fallait le tuer
et moi je répète le père
on m’a dit que je gagnerais
à me trouver des modèles
et autres idoles
quelqu’un qui me ressemble
à qui m’identifier
mais je suis d’une longue ligne
de pêcheurs et de bouches pleines
qui prononcent en tournant les coins ronds
quand vient le temps de s’évider
le crabe ou le homard
à l’heure du souper
je viens
d’une longue lignée d’ébénistes
qui n’ont jamais su tenir
un crayon
parce que leurs pouces sont restés
coincés dans la machine
je n’ai jamais connu d’anne de réjean
de michel ou de gaston ayant porté
mon nom
je n’ai qu’une fausse famille
à la charpente croche et l’épellation écorchée
hameçons et brin de scie
de sophie à rébecca
on me rappelle que j’ai dû me chercher
un nom libre de droits
ici en toutes lettres
j’écris le mien
et c’est peut-être
la première fois que j’arrive
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