1er décembre 2019, midi moins quart, Photographie de l’intérieur d’un réfrigérateur Maytag blanc cassé avec doubles portes verticales
Tes songes sont remplis de petits bouts de papier détrempés, de notes retranscrites à la main que tu fais sécher contre le calorifère en espérant pouvoir déballer ton sac avec un peu de chaleur. Mais devant lui tu parais faire l’aumône au coin de Peel et Belvédère, tes mots demeurent anachroniques, stériles comme une trouée d’air dans une chambre à gaz. Il n’y a aucun débarcadère à cet épisode, presque aucune histoire. Il s’agit de disparaître en plan épaules, tournée vers la droite de trois quarts. La suite est écrite pour un univers parallèle minimaliste, avec quelques pierres et un bouquet de pivoines. (Il arrivera de nulle part pour baliser le cadre. On fera avec l’aura du désespoir.)
Tu inspires lentement et de petits pieds de lest s’engouffrent dans ta chair. Tu penses « mon imaginaire est une conduite à reboucher » et la sœur la mère la voiture et les pneus qu’il faut changer s’accumulent sur ta langue. Il dira plus tard « elle est partie comme arrive un rhume », je ne l’ai pas vu venir, sa mine défaite notre vie foutue en l’air.
Tu lui as laissé la note et un sac de chips à grignoter devant le téléviseur. Le calorifère chauffe à plein régime. L’hiver est sale et ton avenir joue de l’orgue.
Le vide a une longueur d’avance
Un texte magnifique aux images très fortes qui nous rentre dedans. L’écriture est superbement maîtrisée. Merci pour ce partage intense.